Le village de Bamrouli se situe dans le district de Pilibhit, à environ 50 km à l’est de Shahjahanpur (État de l’Uttar Pradesh), proche de la frontière du Népal.
Bamrouli est un village d’environ 2 000 habitants, faisant partie d’un »bloc » de 230 villages, représentant au total près de 6 000 habitants. La plupart de ces personnes travaille dans les champs (culture de canne à sucre, de riz et de blé).
Le système des castes* est toujours très présent en Inde et particulièrement dans les villages. À Bamrouli, on retrouve 50 % de familles de hautes castes et 50 % de basses castes. Les familles des hautes castes habitent dans le centre du village et les basses castes en périphérie.
Très peu de femmes des hautes castes travaillent. Elles restent le plus souvent à domicile s’occupant des affaires de la maison et des enfants. Les femmes des basses castes travaillent le plus souvent dans les champs au moment des récoltes. Cette période de travail dure 4 mois (récolte du riz pendant 3 mois et récolte du blé pendant 1 mois). Elles assument en plus les tâches domestiques tout en ramassant d’énormes fagots de bois et en façonnant pendant des heures les galettes de bouse séchée qui servent de combustibles.
Beaucoup de femmes de ces régions rurales sont encore soumises à des conventions sociales strictes, régies par des traditions ancestrales. Dans cette Inde-là, les filles restent souvent considérées comme inférieures aux garçons. Elles sont le plus souvent dépendantes des hommes (les pères, les maris puis les fils une fois veuves) tout au long de leur vie, sans individualité propre. Il est très difficile pour elles de revendiquer leur autonomie. En Uttar Pradesh, presque 25% des filles ne sont jamais allées à l’école primaire et parmi celles qui y vont, seulement 27% atteignent la fin du primaire. De plus,environ 45% des filles sont mariées avant d’avoir 15 ans et près de 12% sont mères avant cet âge.
Depuis 2008, l’association Sruti a mis en place un programme de formation de couture pour les femmes du village de Bamrouli et des villages aux alentours. 20 femmes sont formées tous les 6 mois. Ces formations leur permettent ensuite d’avoir une activité génératrice de revenus (confections d’objets artisanaux) et ainsi d’accéder à plus d’autonomie sociale et à une certaine indépendance économique. Ces femmes bénéficient également d’une meilleure information sur la santé avec le programme d’éducation à la santé.
Un programme d’alphabétisation auprès des femmes a aussi été mis en place mais devant le peu de demandes, il s’est transformé en soutien scolaire auprès des enfants de basses castes + un programme de parrainage permettant à certains enfants de continuer à étudier dans une école privée.
Afin d’améliorer les conditions de formation, de pratique et d’accès à toutes les femmes à ces différents programme, l’association Sruti s’est également lancée dans le projet de construire une Maison des Femmes, incluant un centre de formation de couture.
* Petit rappel : le système de castes est le mode d’organisation sociale traditionnelle en Inde. L’appartenance à l’une des quatre grandes castes est liée à la naissance :
– Brahmanes (prêtres)
– Kshatriyas (guerriers, administrateurs, princes, rois)
– Vaishyas (agriculteurs, commerçants, artisans, hommes d’affaires)
– Shudras (serviteurs, ouvriers)
– Intouchables ou Dalits, dont le contact est considéré comme une souillure, se situent hors castes.
La Constitution de l’Inde de 1950 interdit les discriminations fondées sur les castes mais celles-ci continuent de jouer un rôle majeur dans la société contemporaine.