Lettre Sruti / Fév – Mars 2016 / Alexandrine, Bénédicte et Véronique 2/2

3 – LUCKNOW – bidonville de Dubagga – du 29 février au 5 mars

École Sruti

Un des buts de ce voyage était de rénover de fond en comble les programmes pédagogiques de l’école Sruti à Dubagga. L’école, pour rappel, est située au coeur du bidonville dans une petite maison louée par l’association Sruti et accueille tous les jours entre 50 et 60 enfants. Deux professeurs donnent des cours à deux classes dans la même pièce.

Le directeur de l’école enseigne le matin aux grands qui ont entre 10 et 15 ans et s’occupe tous les après-midi du soutien scolaire des enfants qui vont à l’école privée. Bulbul a rejoint l’école en décembre 2015 suite au départ de l’enseignante Kamini qui s’est mariée (pour rappel, une fois mariée, la femme arrête de travailler et va vivre dans la famille de son mari). Bulbul s’occupe de la classe des petits qui ont entre 4 à 10 ans. Elle est âgée de 25 ans et a un Master en communication. Elle a travaillé 4 ans en tant qu’enseignante à la City Public School et prépare actuellement un concours pour travailler dans les banques.

Nous sommes donc restées une semaine sur place afin de proposer, en concertation avec les enseignants, de nouvelles méthodes pédagogiques, plus stimulantes tant pour les enfants que pour les enseignants. Le premier jour a consisté à observer les cours. Ceux-ci s’ouvrent par des chansons morales et l’hymne national, comme dans toutes les écoles du pays. Nous notons que la classe des petits est très hétéroclite : certains ne savent pas se tenir en groupe, lire, écrire ni compter, tandis que d’autres ont déjà des acquis. De plus, Bulbul est seule à gérer 35 enfants aux besoins différents et parfois turbulents. L’enseignement indien consiste traditionnellement à faire apprendre par coeur aux enfants tout un tas de savoirs sans les faire participer activement. Pour des enfants si jeunes, il est difficile de se concentrer sur des contenus abstraits, sans manipuler les concepts à l’aide d’exemples concrets. Lors du débriefing qui suit cette matinée, nous soulevons ces problèmes avec les professeurs qui nous font part d’un certain manque de moyens et de problèmes de discipline.

Dès le lendemain, nous convenons de séparer la classe des petits en deux groupes qui viendront l’un après l’autre deux heures au lieu de rester tous ensemble quatre heures à ânonner. Nous mettons en place des plannings d’activités différentes pour chaque matinée en prenant soin de ne pas dépasser 20 minutes pour chacune d’elles afin de répondre aux capacités d’attention des jeunes enfants : rondes et mimes pour apprendre l’anglais, coloriages, mises en scène, contes … Les enfants sont ravis d’interagir entre eux de façon ludique et d’être sollicités pour prendre la tête dans certaines activités. Les enseignants trouvent cela plus intéressant, les enfants sont aussi plus attentifs et moins turbulents. Nous procédons de même avec la classe des grands.

Nous espérons que cette semaine de présentation de la pédagogie différentiée portera ses fruits et que les enseignants auront à coeur de poursuivre dans ce sens. Nous sommes conscientes que cela implique plus de travail car les enseignants doivent préparer différentes activités ainsi qu’un programme scolaire et des thèmes de travail, mais cela sera aussi certainement plus intéressant pour eux.

Parrainage/marrainage

18 enfants sont parrainés au sein de l’école privée  »City Public School » (CPS). Tous les enfants ont un bon niveau et la plupart des parents sont bien impliqués dans le suivi des études de leurs enfants en se rendant régulièrement à la réunion mensuelle organisé par la CPS. Les enfants ont fini leurs derniers examens de l’année et auront les résultats le 31 mars avec le passage ou non dans la classe supérieure. Bizarrerie du nouveau calendrier scolaire adopté depuis 2 ans, ils intégreront courant avril leur nouvelle classe pour des cours pendant un mois, suivi des grandes vacances entre mai et juin avec une nouvelle rentrée scolaire prévue le 1er juillet ! La CPS n’allant pas plus loin que la classe 8 (correspond à la 4ème), nous réfléchissons à trouver une autre école privée. Nouvelle école qui a été identifiée par l’équipe sur place. En cours de réflexion…

Pour la 2ème année consécutive, nous avions demandé aux parrains/marraines d’envoyer un petit cadeau. La distribution s’est faite dans la joie et la bonne humeur, les enfants étant une nouvelle fois émerveillés par leur cadeau !

Les cours de soutien continuent tous les après-midi mais nous avons du malheureusement arrêter les cours de soutien en anglais au vu du manque de motivation et de qualification de l’enseignant actuel Mr Shridam Gautam. Son contrat s’est arrêté fin mars, ce qui correspond à la fin de l’année scolaire.

Une après-midi a été réservée à la visite de La Residency avec les 18 enfants parrainés. Lieu très calme et agréable avec un grand parc, quelques tombes anciennes et les ruines du complexe résidentiel où habitaient les Britanniques au cours du 18ème et 19ème siècle. Bâtiments en partie détruits lors de la 1ère révolution indienne en 1857. Promenade, visite du musée, jeux et courses folles dans l’herbe !! Les enfants ont adoré et nous aussi !!

Des nouveaux enfants vont passer les tests d’admission en avril pour la CPS. Nous sommes donc à la recherche de nouveaux parrains-marraines. Si cela vous intéresse, merci de me contacter rapidement !!!

Éducation à la santé

Le programme d’éducation à la santé, mise en place par Shashi Singh et Delphine Marion, continue toujours avec une rencontre mensuelle organisée avec les femmes du bidonville. Lors de notre visite, le thème a été le périnée et les problèmes liés à son relâchement (très fréquent chez les femmes qui ont eu de nombreuses grossesses). Et la rencontre s’est terminée par quelques séances d’abdominaux !! 17 femmes étaient présentes et ont été vivement intéressées.

Les femmes ont aussi reparlé du camps de santé qui a eu lieu en novembre 2015 et qui a été un véritable succès ! Pour mémoire, plus de 120 personnes ont bénéficié d’une consultation gratuite avec les médecins de l’association  »Women Health Improvement and Education ». Il est prévu que Shashi organise une ou deux actions similaires en 2016.

Autres

Nous avons aussi rencontré Meeta Ghosh, enseignante de français à l’université de Lucknow, afin de lui proposer un partenariat. Si nous lui envoyons des étudiants francophones pour intervenir dans ses classes, elle pourrait en retour proposer à ses étudiants de les héberger. Cela permettrait aux volontaires français souhaitant travailler au sein de l’école Sruti d’avoir un logement et un cadre de vie sécurisant.

Un grand merci à Véronique qui nous a accompagnées pendant ce périple et est restée à Dubagga jusqu’au 16 mars pour continuer la mise en place des nouvelles méthodes pédagogiques !

4 – PARIS – 7 mars

Le retour à Paris a eu lieu le 7 mars avec Kuljit Kaur, vice-présidente de  »All India Women Conference » (AIWC), invitée par l’association Femmes Solidaires et par la Mairie de Paris à l’occasion des diverses conférences organisées pour la Journée Internationale des Droits des Femmes.

Prochain déplacement de Bénédicte en Inde prévue pour le mois d’août (à confirmer) afin de continuer la mise en place des nouveaux programmes pédagogiques. À suivre donc…

À très bientôt pour d’autres nouvelles et encore merci pour votre soutien !

Alexandrine Lambotte-Saligari,
Présidente de l’association Sruti.