RAPPORT DE MISSION À LUCKNOW du 29/10/2012 au 11/11/2012.

Ce fut une mission au programme très chargé, riche en émotions, avec des avancées sur le plan sanitaire et des projets à poursuivre.

1- Rencontre au Service de coopération et d’action culturelle (SCAC) de l’Ambassade de France à Delhi

Nous y avons rencontré Monsieur Laurent Defrance, responsable de la coopération décentralisée, société civile et santé. Nous avons ainsi présenté l’association Sruti et discuté d’éventuelles pistes de financements. Accueil très sympathique et fructueux. Nous allons ainsi être associé au festival «Namasté France», qui a lieu chaque année au SCAC sous la forme d’un tournoi de football afin d’apporter une aide financière à diverses associations françaises.

Nous avons aussi rencontré Chantal PROST, attachée pour la coopération en langue française, que nous remercions énormément. Elle nous a permis de rencontrer Mlle Baqiya Rizvi notre traductrice à Lucknow ainsi que Mme Meeta Ghosh, professeur de français à l’université de Lucknow et à l’institut de formation aux métiers du tourisme de Lucknow.

2- VISA de Shashi

Beaucoup d’énergie avec de multiples démarches administratives : photocopies, recherche de papiers, imprimés à remplir, achat de billet, d’assurance, prise de rendez-vous à l’ambassade, explications données grâce à Baqiya…

Quand nous sommes parties, tout était prêt ! A suivre … Si tout va bien, Shashi sera à Paris du 20 janvier au 09 février 2013. Elle est invitée par l’association Femmes Solidaires dans le cadre de leur congrès national qui aura lieu le 25-26-27 janvier prochain. Une grande première car cela sera la première fois que Shashi voyagera hors de l’Inde !!

3- Rencontres avec d’autres associations indiennes

Le but était d’essayer de trouver des partenaires locaux susceptibles de nous aider dans l’amélioration de la santé, de la nutrition, des vaccinations des femmes et enfants du bidonville où  l’association Sruti intervient. Nous avons ainsi rencontré à Delhi l’association  »Plan India »,  dont un des bureaux est basé à Lucknow. Certaines de leurs actions sont similaires aux nôtres mais avec des budgets beaucoup plus importants. Les soins des femmes et des enfants sont pris en charge entièrement par l’association qui a trouvé des centres de santé partenaires pour les accueillir. Mr Pandey, qui nous a chaleureusement reçues, reste disponible par la suite, et nous a conseillées de prendre plutôt contact avec  »Plan France », qui les finance.

A Lucknow, la rencontre avec l’UNICEF, avec Shashi et Baqiya Rizvi, fut plus décevante. Accueil très bureaucratique dans leur grand siège de Lucknow. Cette organisation internationale ne travaille avec aucune association locale et s’occupe de projets choisis par le gouvernement indien. De plus, elle forme du personnel soignant pour les vaccinations contre la poliomyélite et surveille la distribution efficiente des vaccins.

Enfin, avec Shashi, nous avons rencontré le Dr Chandrawati, gynécologue responsable du Krisna Medical Center, ayant monté une association à Lucknow «Women health improvement and education». En plus des stratégies avancées une fois par semaine dans les villages aux alentours, elle consulte toute femme sans discrimination sociale et religieuse, en adaptant ses tarifs, dans le centre de santé. Elle a mis en place des groupes de discussions avec les femmes autour du suivi de grossesse, accouchement sécurisé, contraception (pilule, stérilisation tubaire, stérilet), prévention des foeticides pour sexe féminin (sexe du bébé non donné lors des échographies), infections génitales, hygiène, nutrition. Les femmes reçoivent des vitamines et du fer quand elles viennent consulter. De plus, les membres de son association font des séances d’informations auprès des jeunes filles dans les collèges sur leur anatomie, les premières règles, leurs droits en tant que femme, l’âge du mariage… Elle avoue que les messages passent mieux quand ils sont dits par un médecin. Cette rencontre fut très positive puisqu’elle s’est dit prête à nous aider pour les femmes du bidonville et Shashi doit la recontacter ultérieurement pour définir les actions à mettre en place soit directement avec elle, soit avec une consœur.

4- Visite du bidonville de Dubagga.

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Un incontournable, qui nous a permis de voir à quel point le bidonville avait changé de visage : beaucoup plus de constructions en dur désormais et des petites boutiques.Nous avons aussi rencontré les familles des enfants qui fréquentent l’école Sruti et la City Public School. Nous avons pu constater que le choix des enfants parrainés était pertinent car ces familles restent les plus pauvres du bidonville.

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Des WC en dur et isolés ont été construits. Mais le problème d’hygiène reste récurrent dans certaines maisons ainsi que l’évacuation et stagnation des eaux usées qui a entraîné une épidémie de dengue pendant la saison des pluies.

Pendant la visite, 4 bébés de moins de 6 mois ont été vus et en bonne santé. 1 femme a été transférée après son accouchement à l’hôpital en raison d’une hémorragie de la délivrance. N’ayant pas vu et allaité son bébé tout de suite, elle n’a pas eu de montée laiteuse et regrette de ne pas avoir pu l’allaiter. Prévoir lors d’une prochaine mission une intervention sur l’allaitement maternel et comment relancer un allaitement interrompu.

Nous avons pu aussi rencontré  3 femmes enceintes. 2 d’entre elles font suivre leur grossesse à l’hôpital et ont des compléments vitaminés fournis par l’hôpital. Une seule a prévu d’accoucher à l’hôpital. Nous avons pu de nouveau leur expliquer l’importance de l’accouchement sécurisé.

Quelques enfants de moins de 3 ans ont été vus et présentaient des pathologies classiques, type dermatoses et infections des voies nasales et respiratoires + malnutrition.

De nouvelles familles se sont installées dans le bidonville.  Shashi a pu leur expliquer le rôle de l’association et de l’existence de l’école. Les femmes attendent toujours la création d’une école de couture.

5- Séance d’éducation à la santé

À la suite de la représentation théâtrale, une séance d’éducation à la santé a eu lieu avec 18 femmes du bidonville.

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Shashi a discuté avec les femmes de la pièce de théâtre en rappelant toutes les règles d’hygiène de base. Nous avons aussi refait le point sur la nutrition et sur l’importance de la qualité des aliments donnés aux enfants (les enfants mangent aussi beaucoup de chips et de cacahuètes), ainsi qu’un rappel sur les avantages de l’allaitement maternel jusqu’au 2 ans de l’enfant.

Nous avons ensuite rediscuté de l’intérêt des vaccinations, sujet à aborder régulièrement car les mères n’étaient pas toutes convaincues de leur utilité (pourtant tous les enfants de l’école sont bien vaccinés par voie orale contre la poliomyélite mais les familles ne sont pas consultées pour donner leur accord !).

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À la fin de la réunion, les femmes ont posé des questions diverses sur leur santé et leur problèmes gynécologiques (aérophagie, fibromes et traitements, reperméabilisation tubaire après ligature des trompes, contraception, paroi abdominale lâche après toutes leurs grossesses…).

Ce fut une séance très dense, très riche et très drôle qui s’est fini par une séance d’exercices abdominaux simples à faire quotidiennement afin de retrouver le ventre plat, animée par notre super coach Catherine !

6- Projet sur la santé

Shashi veut monter un projet de prise en charge médicale des femmes et des enfants du bidonville.

Malgré les moyens financiers restreints de l’association, j’ai demandé à Shashi de faire une évaluation sérieuse et chiffrée de ce qu’elle souhaiterait faire. Nous lui avons écrit une trame d’un rapport qu’elle devra nous remettre avec toutes les possibilités à étudier : population concernée, type de consultations, avec quel médecin, à quel prix, à quel endroit, fréquence… Nous avons aussi besoin d’avoir un recensement précis des habitants du bidonville, particulièrement des femmes enceintes avec un nombre d’accouchements annuel.

Shashi va aussi relancer l’association en charge de formations d’éducation à la santé à Varanasi afin d’y participer et d’améliorer ses connaissances pour mieux prendre en charge les femmes et enfants.

J’espère de nouveau vous faire un compte-rendu de la suite de ces actions en 2013 !

Merci pour votre soutien à tous et à l’année prochaine !!

Delphine Marion,
Référente santé pour l’association Sruti.