Catherine, Delphine et Alexandrine

BILAN DE LA MISSION EDUCATIVE du 22 octobre au 1er novembre 2013.

• L’école dans le slum

Suite au changement de propriétaire des locaux où était située la petite école Sruti, l’association a du chercher un nouveau lieu pour accueillir les enfants. La nouvelle école est maintenant au centre du bidonville, dans une maison faite en adobe (terre et paille mêlées) recouverte d’un toit en tôle. Il y a deux pièces permettant d’accueillir les enfants des deux classes, séparées par une petite cour que nous avons fait recouvrir d’une toile afin de protéger les enfants du soleil durant la journée et leur permettre d’y faire des activités manuelles/jeux.

Ces nouveaux locaux sont plus petits et il n’y a pas de sanitaires. Mais les deux classes sont protégées de la pluie, ce qui est très important durant la période de mousson. Une grande bombonne assure un accès permanent à l’eau, et un ventilateur ou climatiseur est installé dans chaque classe. Il faudra ajouter une lampe dans les classes afin qu’aucun des enfants ne soit dans l’obscurité pour étudier. (photo à gauche : entrée de l’école).

Classe des petits

Cour

Classe des grands

Un autre changement important a aussi eu lieu avant notre arrivée. Meena, l’institutrice de la classe des plus jeunes, a été remplacée par Kamini. Des problèmes familiaux l’ont en effet obligée à quitter ses fonctions. Nous la remercions pour le temps et l’énergie qu’elle a déployés auprès des enfants chaque jour durant ces deux dernières années.

Kamini a pris ses fonctions quelques semaines avant notre venue. Elle vit à Dubbaga, près du bidonville, a 20 ans, n’est pas mariée et n’a pas d’enfants. Elle a étudié jusqu’en classe XII (équivalent de la Terminale) et a travaillé durant un an dans une école privée. Elle aime la lecture et souhaite à terme faire des études supérieures. Au fil de cette mission, j’ai pu observer son attention et sa patience avec les enfants. Elle souhaite progresser dans ses pratiques et s’est montrée très intéressée par mes remarques et propositions. Cependant, la barrière de la langue a une nouvelle fois été une difficulté dans cette mission puisque Kamini ne parle pas anglais.

J’ai repris, comme précédemment avec Meena, une formation autour de la créativité et des activités manuelles. À partir d’un livre d’activités que j’avais apporté et laissé sur place, nous avons fabriqué avec les enfants un emploi du temps des différentes activités de la semaine sur lequel les enfants peuvent indiquer par un système de flèche l’activité qu’ils vont faire.

Kamini, la nouvelle enseignante
de la classe des petits

Notre activité « time table» !

Kamini en pleine activité manuelle
avec sa classe

L’objectif était de former Kamini sur un certain nombre d’activités manuelles (découpage, collage, peinture,…), sur la nécessité pour les enfants d’avoir des repères et sur l’importance de les rendre acteurs de leurs activités. Chaque samedi, Kamini propose des activités manuelles, sportives, des jeux, de la danse ou des discussions sur l’éducation à la santé/éducation civique (politesse…).

• Les enfants marrainés/parrainés

Le dernier changement a été le remplacement du professeur d’anglais. Lors de la dernière mission, nous avions en effet trouvé que le niveau de l’intervenant était très faible pour accompagner au mieux les enfants dans leur apprentissage de la langue anglaise, matière indispensable s’ils souhaitent poursuivre leurs études. C’est donc un jeune homme, Geeshan,qui a pris la suite depuis la rentrée dernière. Il habite non loin du bidonville et parle très bien anglais. J’ai pu travailler avec lui sur une pédagogie plus active (la répétition étant la méthode d’enseignement répandue en Inde) à base de conversations, de jeux de questions-réponses mais également d’activités manuelles. Je lui ai aussi proposé de faire des petits tests de niveau une fois par mois pour suivre l’évolution des enfants et ainsi adapter ses cours de soutien.

J’ai pu me rendre avec Shakeel dans la City Public School (CPS) afin de rencontrer la directrice et les enseignants. C’est toujours un moment important qui permet de faire le point sur l’évolution des enfants et de remercier la directrice d’accueillir ces enfants. Tous sont passés en classe supérieure et leur niveau s’améliore. Les 3 nouveaux enfants parrainés ont intégré l’école sans difficulté. Leurs devoirs sont faits tous les jours et leur niveau en anglais s’améliore. C’est donc un bilan positif que nous pouvons tirer une fois de plus.

• La sortie au Planétarium

Le fil conducteur de cette mission aura été les planètes avec pour finir, une visite du planétarium de Lucknow avec les enfants !

Nous y sommes allés une première fois avec les enfants parrainés et le professeur d’anglais, puis une seconde fois avec la classe de Shakeel. Les enfants ont été émerveillés, certains quelque peu apeurés ! Mais ce fut à chaque fois une très belle sortie : planétarium puis jeux au parc d’attraction (Buddha Park) et dégustation de glaces ! Quel bonheur de voir les enfants rire, jouer sur les balançoires parés de leurs plus beaux habits !

Un moment d’émotion et d’enchantement pour nous aussi…

Comme je ne perds jamais de vue mes objectifs éducatifs (déformation professionnelle !), la sortie au planétarium a été l’occasion de proposer des activités en lien avec les planètes et le système solaire. Ainsi, nous avons fabriqué avec les grands des planètes en papier mâché, que nous avons peintes puis accrochées au plafond de leur classe tel le système solaire.

Une nouvelle façon de former Shakeel, Kamini et Geeshan sur une pédagogie plus active et créative !

Conclusion

Cette courte mission a été une nouvelle fois l’opportunité de partager avec les enfants et les enseignants de nouvelles façons d’explorer l’éducation et l’enseignement. Apprendre les tables de multiplication en se comptant nous-mêmes, jouer à se transformer en Soleil, en Terre ou en Lune pour comprendre notre système solaire, se repérer dans le temps grâce à un emploi du temps interactif, etc.

Durant cette mission, nous avons également acheté du matériel neuf : peinture, feuilles, colle… Il faudra bien sûr que l’équipe sur place remplace régulièrement et rachète du matériel afin qu’il y ait toujours de quoi faire des activités. De plus, il existe un réel besoin de nouveaux jeux : surtout des jeux symboliques avec des poupées, des petites voitures et des jeux de sociétés avec des règles (les enfants adorent ça !). Il faudra donc penser à en amener plus lors des prochaines missions .. Et évidemment continuer à former Kamini, Shakeel et Geeshan sur l’importance de proposer des activités plus participatives et créatives !

BILAN DE LA MISSION ÉDUCATION A LA SANTÉ

Comme d’habitude, nous avons visité le slum qui s’est bien agrandi depuis notre dernier passage. Il accueille désormais 150 familles dans des conditions qui se sont améliorées (plus de construction en briques). Nous avons ainsi pu rencontrer les femmes et les inviter à la séance d’éducation à la santé, organisée autour du thème de l’allaitement.

En effet, l’année dernière, les femmes avaient manifesté des demandes en ce sens car elles avaient des difficultés à relancer leur allaitement quand elles avaient été séparées de leur bébé suite à un accouchement difficile. Suivant les préconisations de l’Organisation Mondiale de la Santé sur l’importance d’allaiter les enfants jusqu’à l’âge de 2 ans, Shashi a pu leur expliquer les différentes recommandations pour un allaitement réussi, les bénéfices sur la santé et le développement intellectuel de leurs enfants ainsi que diverses recettes alimentaires lors du sevrage. Ce fut un grand succès puisque 24 femmes sont venues !

D’autres sujets ont pu être abordés : vaccinations, suivi prénatal, supplémentation en vitamines et en fer pendant la grossesse, contraception ainsi que le problème de la dot lors des mariages qui existent aussi dans le bidonville…

Ce moment riche d’échanges a aussi permis aux femmes de se retrouver entre elles et de parler librement de sujets qui les concernent. Nous avons pu constater que la proportion de femmes, ayant accouché cette année à l’hôpital, avait augmenté. Elles vont dans une nouvelle maternité plus proche. Il faudra prévoir une visite de cet hôpital lors d’une prochaine mission et présenter notre association et nos actions. Et ainsi voir si un travail en partenariat est possible…

Alexandrine et Shashi devraient peut-être retourner en février à Bénarès pour reprendre contact avec l’association qui forme les professionnels sur les sujets d’éducation à la santé. Shashi devrait ainsi prochainement suivre ces cours, ce qui est indispensable pour faire avancer ce projet.

L’année dernière, j’avais laissé un questionnaire à Shashi afin d’avoir un état des lieux précis de l’état sanitaire des habitants du slum (femmes et enfants en particulier). Son enquête ayant porté sur seulement 12 familles et étant peu complet, je lui ai remis un nouveau questionnaire (complété et traduit en Hindi par notre amie et traductrice,Bénédicte Parvaz Ahmad) à remplir auprès de toutes les femmes dont les enfants fréquentent l’école de Sruti. Ces résultats sont indispensables pour monter le projet de consultations et de sensibilisation en partenariat avec l’Association « Women Health Improvement and Education » du Dr Chandrawati, rencontrée l’année dernière et revue cette fois-ci très rapidement. Alexandrine et Shashi devraient la revoir en février afin de poser les bases de ce nouveau projet.

Enfin, les violences conjugales sont aussi une problématique à ne pas négliger dans le bidonville. Une association «Women Conference Of India», qu’Alexandrine connait bien à Delhi, est spécialisée dans ce domaine et possède un bureau à Lucknow. Il serait intéressant d’aller rencontrer leur responsable soit en février, soit en novembre prochain.

Pour clore en beauté cette mission, nous avons dansé ! Les parents nous ont même rejoints pour un bel au revoir bollywoodien !