Suite à notre déplacement du mois d’octobre, voilà quelques nouvelles toutes fraîches de l’association Sruti en ce début d’année 2012 !
Pour mémoire, deux membres de l’association ont participé à ce voyage : moi-même en tant que présidente et Reena Mahajan, architecte-urbaniste indienne, référente de l’association Architectes sans Frontières, chargée de la construction de la Maison des Femmes (École de Formation).
Projets basés à Lucknow
1. Projet d’alphabétisation et remise à niveau pour les enfants défavorisés
À 7 km du centre de Lucknow, à proximité d’un bidonville, la petite école « Sruti » accueille tous les matins jusqu’à 13h (excepté le dimanche) une quarantaine d’enfants, âgés de 3 à 14 ans.
Il est important de rappeler que cette petite école n’a pas pour vocation de remplacer et/ou concurrencer les écoles indiennes publiques et privées déjà existantes. Ce projet a pour but de permettre à ces enfants défavorisés (qui ne sont jamais allés à l’école ou qui ont dû arrêter d’y aller pour de multiples raisons) d’acquérir les premières bases des apprentissages basiques (lecture, écriture, mathématiques) tout en ayant aussi des activités ludiques (manuels, créatrices et graphiques).
Nous essayons d’impliquer le plus possible les parents dans l’éducation de leurs enfants à travers des rencontres fréquentes avec l’équipe locale de Sruti. Ces entretiens permettent de sensibiliser davantage les parents sur l’importance de l’éducation scolaire pour tous les enfants, fille comme garçon. Un des impacts de ce projet est aussi de réduire le travail des enfants.
L’association emploie deux instituteurs, Sundiou et Mina, qui s’occupent chacun d’une classe (séparation des enfants en fonction de leur âge et/ou de leur niveau). Shashi Singh, la coordinatrice des projets Sruti, passe aussi la moitié de son temps dans cette école. Les enfants ont un petit déjeuner tous les matins et un déjeuner une fois par semaine. Cela permet à la fois de lutter contre la malnutrition dont beaucoup d’enfants souffrent, mais aussi de motiver les parents à envoyer leurs enfants dans notre structure.
Actuellement, nous sommes confrontés à un problème d’accès à la petite école « Sruti ». En effet, cette école est située au premier étage d’une maison, qui est séparée du bidonville où vivent les enfants par une route nationale.
Or, depuis peu, un muret a été construit au milieu de cette route séparant ainsi les deux sens de circulation. Traverser cette grande route nationale (trafic très important de camions, voitures et autres ..) n’était déjà pas très facile. Or, actuellement, la présence de ce muret rend cette traversée encore plus difficile et dangereuse. L’équipe sur place est donc en train de rechercher un autre lieu pour la petite école Sruti, ce qui n’est pas une tâche facile car il y a peu de constructions en dur du côté du bidonville.
2. Scolarisation d’enfants défavorisés dans une école privée : projet « parrainage et marrainage »
Depuis avril 2010, Aleem, un jeune garçon sourd de 13 ans, est scolarisé dans un établissement spécialisé, à 3 kms du bidonville. En raison de grandes difficultés scolaires, un soutien individuel en plus des cours habituels, lui est proposé depuis le mois de novembre.
Depuis juillet 2011, 6 autres enfants ont rejoint l’école « City Public School ». 3 filles : Shivani-6 ans, Rubi- 12 ans, Nashreen – 11 ans et 3 garçons : Harsh Kumar-7 ans, Mohamed Wali-10 ans et Mohamed Asif-14 ans.
Ces enfants ont été choisis en fonction de leur motivation et de celle de leur famille, après évaluation de leur situation socio-économique.
Comme à chaque mission, nous avons rencontré la directrice de cette école qui est satisfaite du comportement et du travail de ces 11 enfants. Leur comportement, notamment le respect des règles de vie en collectivité se sont bien améliorés, notamment pour les 5 élèves les plus anciens. Tous les enfants sont très bien acceptés dans leur classe. Ils ne sont pas du tout mis à l’écart comme on aurait pu le craindre. Cependant, elle souligne des problèmes de retard (surtout pour les 5 élèves scolarisés en 2010), d’absence, d’hygiène et de devoirs non faits chez ses enfants. L’équipe de Sruti va donc revoir ces points avec les enfants et leurs parents.
Une fois par mois, une réunion parents-professeurs est organisée au sein de la »City Public School ». La plupart de »nos parents », surtout les mères, et la coordinatrice de Sruti, s’y rendent régulièrement. Le compte-rendu de ces réunions sera envoyé respectivement à chaque parrain-marraine.
Au cours de ce séjour, il a été convenu que Sundiou, un des instituteurs de Sruti, consacrerait 2 heures tous les après-midis pour l’aide aux devoirs des enfants scolarisés. De plus, il serait très utile que les enfants aient des cours de soutien en anglais. L’équipe locale de Sruti est en train de chercher une personne correspondant à ce profil.
Il faut aussi savoir que la moitié de ces enfants ont un petit travail l’après-midi pour aider financièrement leur famille (travail dans une menuiserie, dans un centre de broderies, dans une échoppe de fruits et légumes…). L’équipe Sruti va essayer de re-sensibiliser les parents sur ce point afin que leurs enfants puissent consacrer un maximum de temps à leurs devoirs.
3. Projet d’éducation à la santé auprès des enfants et des femmes du bidonville
Shashi Singh, la coordinatrice, continue d’organiser des séances d’éducation à la santé auprès des femmes. Pour des raisons personnelles, elle n’a pas pu réaliser, comme prévu, la formation en éducation à la santé, organisée par l’association Rama Krishna à Bénarès.
Les enfants continuent, eux-aussi, à être sensibilisés aux règles d’hygiène de base (lavages des mains, brossages des dents à l’école …).
Rencontres effectuées à Lucknow et alentour
Au cours de cette mission, nous avons eu la chance de pouvoir rencontrer Mme Subashini Ali à Kanpur (à 1h30 de train de Lucknow). Nous avons passé une après-midi fort enrichissante en compagnie de cette femme très engagée politiquement et humainement dans le combat des droits des femmes. Elle est actuellement présidente de la « All India Democratic Women’s association ». Nous avons beaucoup échangé sur les questions de la place et du rôle des femmes en Inde ainsi que sur des sujets plus techniques tels que les coopératives. En effet, un des buts de l’association Sruti serait de mettre en place une coopérative dans le village de Bamrouli pour que les femmes puissent gérer elles-mêmes leur travail et gagner ainsi en autonomie.
Suite à notre entretien avec Mme Subashini, nous avons aussi rencontré à Lucknow Mme Madahawi Kukhreja, qui a travaillé longtemps avec les femmes dalits (intouchables) sur des programmes d’accès aux droits. Depuis quelques années, elle a monté une association qui a pour but de vendre de manière équitable et solidaire des produits confectionnés par des femmes (Sanatkada Shop). Nous avons longuement discuté avec elle des coopératives de couture et autres.
La conclusion tirée de ces 2 entretiens n’est pas très encourageante. En effet, il s’avère que le service administratif qui gère les coopératives dans l’Etat d’Uttar Pradesh est très corrompu. Mettre en place une telle structure semble être très difficile et fort coûteux. Il serait ainsi plus intéressant et facile d’enregistrer l’association comme une « Profit Society ». À suivre…
Projets basés à Bamrouli
1. Formation de couture
La 8 ème promotion de couture a commencé début octobre et finira en février 2012. Les femmes attendent avec impatience la construction de leur nouvelle école de formation !
2. Programme « Women’s empowerment »
Beaucoup de produits ont été réalisés par les femmes à l’occasion des marchés de Noël en France. Une quinzaine de femmes ont pu percevoir un salaire améliorant ainsi les conditions de vie de toute leur famille.
3. Programme d’alphabétisation et soutien scolaire
25 enfants du village de Bamrouli bénéficient actuellement de 2 heures de soutien scolaire tous les matins.
4. La construction de la Maison des Femmes ou Ecole de formation
Après un séjour d’un mois à Paris, Reena Mahajan, architecte-urbaniste, sera de retour en Inde le 3 janvier pour continuer de travailler sur ce projet. Je la rejoindrais dès le mois de février.
En ce premier jour de l’année, toute l’équipe de Sruti se joint à moi pour vous souhaiter une très belle année 2012 !! Qu’elle soit remplie de solidarité, d’humanité, de partages et de belles rencontres !
Et mille mercis pour votre soutien !
Alexandrine Lambotte-Saligari,
présidente de l’association Sruti.
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